De Bourane au SLS

Souvenons-nous de la démesure soviétique des années 1980, non pas celle propre à la gloire des peuples vainqueurs mais de celle des peuples qu’il faut continuer à faire rêver. Celle qui vient lorsque le pays s’effrite, quand le peuple doute et qui n’est que la preuve du début de la fin. Bourane, la navette spatiale soviétique dont le développement commence dans les années 1970, dont le premier et unique vol a lieu en novembre 1988 ; bijou de technologie en son temps puisque première navette spatiale complètement automatisée, propulsée par le lanceur super-lourd Energyia.

Malheureusement le coût faramineux du programme couplé au contexte soviétique historique difficile et des objectifs difficiles à définir sinon d’essayer de faire la course aux américains, mèneront à l’abandon du projet. Et certainement que de tels projets ont aidé à précipiter la chute de l’Union Soviétique.

Cette histoire fait écho aux évènements actuels, la NASA s’apprête à relancer en grande pompe le programme lunaire américain avec le premier vol du SLS en orbite circumlunaire. La NASA et l’État américain, avec le contribuable américain, se sont lancés dans un projet aux prix astronomiques, qui couplé à la baisse de confiance dans le dollar dû à la fronde internationale représentée par les BRICS pourrait mener à un problème comptable.

Le lanceur SLS coûte à l’unité près de 2,2 milliards de dollars, contre autour de 120 millions de dollars (soit 870 millions de dollars constants de 2016) à l’unité pour la Saturn V.

Cette débauche de moyen que déploient les États-Unis peut être observé à l’image des évènements qui ont précédé la chute de l’Union Soviétique. D’autant plus qu’à la vue des changements géopolitiques, commerciaux et économique, un pari de telle ampleur semble pour le moins risqué.