De la nécessité d’un vocabulaire précis pour que les choses soient claires ou… Pourquoi il est idiot et dangereux de qualifier la Traite de « génocide » !
De manière liminaire précisons tout de suite que le commerce des êtres humains est par définition une abomination qu’il faut combattre – même quand il s’agit d’ailleurs d’un commerce des fœtus (G.P.A., bébés « à la carte » génétiquement manipulés…) comme d’ailleurs toute mercantilisation du vivant.
Cela posé, l’abus du qualificatif de « génocide » ne peut aboutir, en général, qu’à une banalisation et une perte de sens du concept et, dans le cas que nous examinons ici, à l’obscurcissement total des motifs réels et de l’identité de classe des profiteurs de la Traite…
Définissons d’abord ce qu’est un génocide par rapport à des homicides délibérés – fussent-ils numériquement massifs : un génocide suppose la volonté délibérée de la part de ses auteurs d’exterminer une tranche de population en fonction de ses origines ethniques, de sa nationalité ou de sa prétendue (les races n’existant pas puisque l’espèce humaine est une) race…
Pour le génocidaire, peu importe l’âge, le sexe, le comportement de l’individu faisant l’objet de sa haine mortelle, le seul fait qu’il soit né est en soi suffisant pour le condamner à mort. Ce qui implique que la victime n’a aucune valeur pour lui, pire son élimination est considérée comme un fait positif. Au cours de son histoire passée, l’humanité a connu de nombreux épisodes génocidaires et celui de la seconde guerre mondiale, dont on espérait qu’il serait la dernière manifestation de ce genre de crime, n’en a malheureusement pas marquer l’arrêt définitif (ex : Tutsi et Hutu au Rwanda).
La Traite fut-elle un génocide ?
Si nous nous plaçons, si écœurante que soit cette position, du point de vue du négrier, cette affirmation apparaît vite comme ridicule… En effet l’esclave est pour lui une marchandise et n’a de valeur marchande que VIVANT, par conséquent, il n’a aucun intérêt ni à le tuer, ni à tarir définitivement la « source » de la main d’œuvre servile qu’il exploite à son profit !
Ainsi le négrier n’ayant aucun intérêt à mettre à mort sa « marchandise » n’est en aucun cas auteur d’un quelconque génocide ! Lorsqu’il tue, lorsqu’il inflige des mauvais traitements, c’est toujours accompagné d’un sordide calcul : maintenir son « ordre », fût-ce par la terreur, se débarrasser d’une « marchandise avariée » (et donc sans valeur à l’arrivée) parce que les soins à prodiguer reviendraient trop cher et rendrait non rentable l’opération commerciale ou parce que le cas étant déjà désespéré il se refuse à continuer de faire les frais de nourriture nécessaire à maintenir en vie le ou les individus concernés… S’ajoutent à ces bas calculs commerciaux les conditions mêmes de vie sur les navire négriers qui sont non seulement pour les malheureux emmenés en esclavage mais aussi – même si c’est dans une moindre mesure – pour les équipages extrêmement malsaines. Tout cela est pris en compte dans le cadre d’un monstrueux calcul de rentabilité car l’esclavage, à l’époque de la Traite n’est – nous allons développer ce point plus avant – en aucun cas la manifestation d’un racisme et ceux qui y participent activement et en tire profit sont loin d’être tous « blancs »… L’esclavage est fondamentalement un... commerce ! Si dégueulasse soit-il.
La Traite, affaire de « blancs » ?
Nous sommes en gros entre la deuxième moitié XVIème et le premier tiers du XIXème siècle… De quel armement disposent les protagonistes de la Traite (les négriers, les éventuels intermédiaires et leurs victimes potentielles). De quelles protections les mêmes protagonistes disposent-ils en terme sanitaire dans les régions concernées, infestées de maladies inexistantes en Europe occidentale ?
Telles sont les questions fondamentales qu’il convient de se poser avant que d’affirmer que les seuls blancs occidentaux sont impliqués…
Globalement, au début de la période en question l’occidental a déjà abandonné les armes de jets classiques pour des armes à feu… jusqu’au milieu du XVIIème siècle l’arme à feu la plus répandue est une arquebuse puis un mousquet doté d’une platine à mèche ne tirant qu’un coup à la fois, cette platine sera remplacée ensuite par une platine à silex. Système qui va perdurer jusqu’à la fin de la Traite. L’arme de poing est le pistolet, d’abord à platine à rouet (très fragile et chère) puis, lui aussi d’une platine à silex. Rares sont les armes de la période considérée à offrir plus d’un coup avant de devoir appliquer une procédure de rechargement assez longue. La poudre noire utilisée est très hydrophile et donc, dans les régions équatoriales, ou en cas de pluie, va être peu fiable ! Au final cela nous donne par exemple pour un mousquet à silex une cadence de tir maximale dans le meilleur des cas (hors longs feux) de l’ordre de 3 coups à la minute pour un tireur entraîné. Face à lui, son adversaire africain utilise l’arc, la sagaie… Un long bow anglais est réputé pour permettre de tirer entre 10 et 16 flèche dans le même temps ; les arcs africains (plus petits donc moins puissants mais plus maniables) ne devaient pas être inférieurs sur le plan de la cadence de tir… Quant aux sagaies la cadence de jet va être aussi très élevée en rapport à celle d’un mousquet ou même d’un pistolet à silex… Sur le plan de l’armement, avantage donc aux victimes potentielles !!! Pour ce qui est de ce que nous qualifions aujourd’hui de maladies tropicales, n’existe durant la période considérée aucune prophylaxie (sauf la vaccination contre la variole à partir du XVIIIème siècle, peu répandue dans les faits) et pas de médication franchement efficace… Face à ce danger, seuls les locaux bénéficient d’une certaine immunité acquise.
Par ailleurs, l’esclavage existe depuis des temps immémoriaux à l’intérieur même de l’Afrique noire… Comme à peu près partout, il trouve sa source dans des guerres tribales ou entre nations qui sont fréquentes et parfois déclenchées dans le seul but de se procurer de main d’œuvre servile supplémentaire.
C’est la rencontre entre les populations côtières et les navigateurs-marchands européens qui va faire naître la Traite. Les locaux désirent se procurer des marchandises qui ont pour eux de la valeur (usage ou décorum) et dont leur civilisation ne dispose pas, en échange de quoi ils fournissent à leurs partenaires commerciaux des prisonniers qu’ils vont chercher chez leurs adversaires traditionnels de l’intérieur. Le sort de ces derniers ne les préoccupent pas outre mesure et eux-mêmes disposent pour leur usage de cette source de main d’œuvre servile.
Sans cet « échange commercial » entre population côtière et négriers européens, la Traite n’aurait pas été possible car les européens ne disposaient pas d’un armement et des protections sanitaires nécessaires pour s’aventurer victorieusement dans l’arrière-pays. D’ailleurs, hors de comptoirs côtiers, la présence européenne en Afrique noire ne devient permanente et envahissante qu’après le premier tiers du XIXème siècle avec la véritable colonisation des populations… Et là eurent effectivement lieu les premiers génocides véritables contre certaines populations, notamment par les colonialistes allemands, actes dans lesquels s’illustra notamment le père du tristement célèbre Hermann Göring en tant que gouverneur.
Quant au racisme, il apparaît fort tardivement dans l’esclavage des populations africaines. C’est seulement au XIXème siècle que le racisme est théorisé (Gobineau par exemple) et utilisé comme justification à la fois de l’esclavage (pratique de la Traite condamnée et combattue par la Grande Bretagne puis la France) notamment dans les États du Sud des U.S.A. (ici souvent par des interprétations fallacieuses de textes bibliques) alors même que la plus grande partie des nations européennes condamnent l’esclavage comme immoral. Notons toutefois que les théories sur la prétendue inégalité des « races » ne sont pas pour autant rejetées, car elles sont aussi utile à la justification de la colonisation…
Ce qui relève d’une autre problématique. Il est d’ailleurs manifeste que de ce point de vue existe une bascule considérable entre l’attitude des européens envers les populations colonisées au XVIIIème siècle et celle qui prévaudra à partir du XIXème. Ainsi, en Inde les« Nababs » britanniques vivant et s’enrichissant en Inde à travers « l’Honorable Compagnie des Indes de l’Est » n’hésitent pas à épouser des indiennes de haute caste sans que leurs compatriotes y voient un inconvénient et encore moins un déshonneur jusqu’à ce que commence l’ère victorienne et que les mentalités s’inversent du tout au tout.
Notons aussi qu’au XVIIème et XVIIIème siècle existait une sorte d’esclavage entre européens en Amérique du Nord qui consistait à se mettre volontairement en esclavage le temps de payer son passage maritime ou d’éteindre une dette...
Au final, la Traite ne fut pas un génocide, elle fut un horrible commerce dans lequel la couleur de peau ne jouait pas un rôle déterminant et dont la responsabilité est loin d’être uniquement « blanche ». Elle ne profita qu’à un nombre fort limité de personnes tant en ce qui concerne la traite elle-même que ceux qui profitèrent effectivement du travail servile.
Faire porter la responsabilité d’une pratique – l’esclavage – partagée à un stade ou à un autre de leur développement par la quasi-totalité des civilisations humaines sans distinction de couleur de peau sur les seuls « blancs » est absolument ridicule et le racialisme actuellement en vogue chez les Wokes n’est qu’un racisme tout court déguisé qu’il faut combattre !
Source ayant inspiré en partie ce texte: https://la1ere.francetvinfo.fr/2015/05/07/esclavage-la-complicite-de-monarques-africains-est-une-donnee-objective-selon-l-anthropologue-senegalais-tidiane-n-diaye-253983.html