Mayotte

Depuis quelques jours, l’île de Mayotte fait à nouveau parler d’elle, pour le même problème.
Et le résultat reste le même, … rien.

Le gouvernement français fait mine de s’occuper du problème, et le gouvernement comorien crie à l’occupation néocoloniale.

Cela nous amène à devoir enfin tordre le cou à ce mythe de Mayotte comorienne.

Mais pour cela, il faut parler d’Histoire, et s’appuyer sur celle-ci au contraire des gouvernements comoriens qui s’appuient sur leur délire.

Les premières preuves d’une occupation de l’archipel et de Mayotte datent du VIème au VIIIèmesiècle comme l’on prouvé des études du site archéologique de Koungou au Nord de Mayotte.

Ces populations sont austronésiennes et bantous, les premiers se sont installés par volonté commercial, les second soit par migration volontaire, soit comme esclave.
Mayotte et Anjouan sont occupées plus tardivement ce qui explique une évolution linguistique spécifique au reste de l’archipel.

L’arrivée de l’islam dans l’archipel serait aux alentours du VIIèmesiècle, mais la découverte de tombes non-orientées vers La Mecque démontre qu’elle serait longtemps restée la religion des élites, celles-ci étant principalement omanaises, zanzibariennes et persanes, là où le peuple principalement composé d’esclaves serait demeuré dans des religions primitives progressivement teintées de syncrétisme.

De multiples petites chefferies sur les îles de l’archipel apparaissent rapidement au XIème siècle, comme le montre les enceintes d’un grand nombre de village que comptent ces îles, cette période sera appelée l’époque des Fani (terme qui désigne les chefs des villages).

Vers le XVème siècle les sultanats shirazis s’installent dans l’archipel et apporte avec eux l’islam chaféite encore pratiqué de nos jours.

Le premier sultan de Mayotte est Attoumani ben Mohamed qui épousa la fille du fani de Mtsamboro, de ce mariage naîtra Jumbe Amina qui épousera le sultan d’Anjouan Mohamed ben Hassan, par ce mariage le sultan d’Anjouan étend son influence sur l’île de Mayotte, et de ce mariage naîtra Aïssa ben Mohamed  qui héritera par sa mère du droit de régner sur Mayotte, qui dès lors affirmera son indépendance vis-à-vis du sultan d’Anjouan.

Le sultanat de Mayotte sera perpétuellement menacé par les tentatives d’annexions comoriennes et malgaches jusqu’au XIXème siècle.

Le règne d’Aïssa sera une période de prospérité pour Mayotte, il consolidera son pouvoir en dominant les anciens fani, renforcera les fortifications face à Anjouan, formant des alliances matrimoniales avec les clans de Pate.

Avec le contournement de l’Afrique par Vasco de Gama, une nouvelle route commerciale s’ouvre sur le canal du Mozambique, et entame le début d’un nouvelle ère de prospérité pour l’aire culturelle swahilie.

L’île de Mayotte cartographiée pour la première fois par les portugais en 1527, reste assez isolée, à cause des récifs coralliens qui encerclent l’île et la rendent dangereuse.

Hélas, la fin du règne d’Omar ben sultan Ali marquera le début de la période des «sultans batailleurs», ses successeurs n’auront de cesse de se battre pour le pouvoir, et l’arrivée des pirates refoulé des Caraïbes affaibliront le sultanat, et ravivera les prétentions du sultan d’Anjouan sur l’île.

De nombreuses attaques organisées depuis Anjouan ruineront un grand nombre de localités, et les attaques des pirates malgaches destinées à alimenter le commerce d’esclaves en direction des Mascaraignes affaibliront grandement Mayotte.

L’une des incursions anjouanaises mettra sur le trône Salimou ben Mwé Fani neveu du sultan Aboubacar ben Omar précédant sultan de Mayotte.
Mais, le sultan Salimou se retournera très vite contre le sultanat d’Anjouan, en ne prêtant pas allégeance au nouveau sultan d’Anjouan Ahmed fils de Salim Ierqui le plaça sur le trône.

S’ensuivra une nouvelle incursion qui sera un cuisant échec pour les troupes anjouanaises à la bataille de Zidakani.

De nombreuses tentatives s’ensuivront et se soldèrent toutes par des échecs, jusqu’à l’assassinat de Salim ben Ahmed et l’avènement d’Abdallah Ierà la tête du sultanat d’Anjouan, ainsi que les incursions malgaches sur l’archipel mettront un frein aux invasions anjouanaises.

Le dernier sultan shirazien, Mouana-Mâdi, meurt assassiné et son fils Bana-Kombo, trouve refuge auprès du roi sakalave Iboina.
Andriantsouly ancien roi sakalave qui trouva refuge à Mayotte aida Bana-Kombo à reprendre on trône et devient co-sultan, mais une rivalité naquît rapidement entre les deux sultans, et de nombreux combats eurent lieu qui se terminèrent par la victoire d’Andriantsouly, Bana-Kombo étant obligé de s’exiler sur Mohéli, et demanda l’aide du sultan pour reprendre Mayotte, ce dernier, fort ambitieux, spolia Bana-Kombo et chassa Andriantsouly qui s’allia au sultan d’Anjouan pour reprendre Mayotte.

Il devint enfin le sultan reconnu, mais dû à nouveau faire face aux nombreuses menace qui pèsent sur son petit royaume.
Après un siècle de trouble, la population passa de 12.000 habitants au XVIèmesiècle à 5.000 habitants en 1843, les habitations se réduisant à Petite-Terre et aux environs de Mamoudzou.

Il recherchera donc l’aide de protecteur possédant une flotte de guerre assez puissante pour protéger l’île des incursions des autres îles, c’est dans cette optique qu’il céda Mayotte en échange d’une rente viagère au commandant Pierre Passot, qui y voyait un excellent havre pour les navires de guerre, et planta le drapeau français le 13 Juin 1843.
Une exploration de l’île indiquera le rocher fortifié de Dzaoudzi comme le meilleur point d’ancrage.

La présence française rassura la population, et apaisa les violentes tensions dans l’île, mais une autre rivalité dans le canal du Mozambique naîtra, avec l’Angleterre.
Après la prise de possession, Passot fit procéder à un recensement qui aboutira au résultat de 600 personnes libres et de 2.733 personnes serviles, l’esclavage y sera aboli en 1846.

En 1886, Léon Humblot convainct le gouverneur de placer Gazidie (Grande-Comores) sous protectorat, celui-ci s’étendra au reste de l’archipel en 1896, Mamoudzou en devient la capitale, en 1908, Mayotte devient une colonie et les trois protectorats comoriens sont rattachés au gouvernement général de Madagascar.

Les Comores obtiennent en 1946 une autonomie administrative et Dzaoudzi est désignée comme capitale, ce qui alimentera la rivalité entre les différentes îles, et en 1947 le statut changea pour celui de territoire.
Dans les années 50, les élites anjouanaises et comoriennes commencèrent à militer pour l’indépendance.

En 1966, Saïd Mohamed Cheikh alors Président du Conseil de Gouvernement des Comores transféra la capitale à Moroni, ce qui provoquera une méfiance des mahorais envers les indépendantistes.

Dans les années 60, Cheikh doit gérer l’expulsion des comoriens de Zanzibar par l’ASP, la plupart d’entre eux appartiennent au Molinaco, et au cours de cette période naissent les premiers mouvements politiques qui contestent le pouvoir de Cheikh, et pour certains, réclament l’indépendance, ou à l’opposé comme le MPM l’autonomie vis-à-vis des autres îles.

En 1972, le Comité spécial de la décolonisation de l’ONU inscrit les Comores dans sa liste des territoires devant accéder à l’autodétermination.
En 1973, la France signe un accord relatifs à l’accession à l’indépendance.
Et en 1974, elle organise une consultation référendaire.
Les résultats donnent l’indépendance dans les îles d’Anjouan, de Mohéli et de Gazidie (Grande-Comores) à 90%, mais le non l’emporte à Mayotte avec 63% des voix.

Les raisons de ce résultat à Mayotte s’expliquent par :

• la crainte de l’expansionnisme anjouanais préservées par une forte tradition orale.

• le transfert de la capitale à Moroni.

• le statut des femmes dans la société mahoraise.

• la crainte d’être marginalisé dans un système politique dominé par Moroni.

Les principaux partisans du maintien français était le MPM et le mouvement des chatouilleuses dont Zakia Madi était la principale cheffe, et qui sera tuée lors d’un affrontement avec la garde comorienne en 1969.

Au vu des résultats, de nombreux débats amènent à considérer le résultat île par île, et pressé par l’opinion publique, le président Ahmed Abdallah proclame l’indépendance des Comores le 6 juillet 1975, et des troubles s’ensuivent dans les trois îles comoriennes, par peur des représailles le gouvernement français évacue ses fonctionnaires, qui partent dans l’anonymat ou sous des huées dans les trois îles comoriennes, à l’inverse ils sont retenus par les mahorais qui craignent les troubles à venir.

Le 21 novembre, Ali Soilih organise une marche rose pacifique pour reprendre Mayotte, mais échoue à convaincre les mahorais.

La France organise un nouveau référendum à Mayotte, qui confirme encore plus massivement la décision de Mayotte de rester française avec plus de 90 % des voix.

Le gouvernement entérine finalement la décision et fait de Mayotte une collectivité territoriale.

Voilà l’Histoire de Mayotte et de l’archipel des Comores.

Voilà pourquoi la décision de prendre le résultat île par île est légitime.

Je m’explique :

• Mayotte est française depuis 1841, contre 1886 pour les autres îles.

• l’archipel des Comores ne fut jamais uni sous une autorité, et était composé de nombreux sultanats.

• Le fait que Mayotte ait cultivé une différence culturelle et linguistique et que la population mahoraise ait décidé en toute connaissance de son destin.