« Complotiste » : un qualificatif à manier avec précaution

« Complotiste » : un qualificatif à manier avec précaution


La bourgeoisie et les grands médias à sa botte qualifient depuis quelque temps de complotiste toute personne qui se permette d’émettre des opinions non conformes à « sa » bien-pensance consensuelle qu’elle considère comme devant être « la » vérité (officielle). Dans le même temps, elle fait un maximum de publicité aux théories les plus farfelues et ubuesques et aux tenants des thèses de complot les plus ridicules… À quoi rime ce grand écart ?


De la vraisemblance…


Contrairement aux affirmations actuelles de la classe dominante, des complots ont bel et bien eu de tous temps une existence historique… Ils ne sont ni rares, ni surprenants en soi dans des sociétés de classe et furent aussi nombreux dans le camp de la réaction que dans celui du progrès. Lorsqu’on ne dispose pas de preuve évidente de leur existence il existe pourtant une méthode qui, si elle ne permet pas d’en établir l’existence, tout du moins permet d’écarter les thèses invraisemblables et donc de faire le tri entre ridicule et possible…

Commençons par recourir à la définition de termes appartenant à la logique mathématique – elles nous seront ici des plus précieuses. Il existe en effet en mathématique des « conditions nécessaires » et des « conditions nécessaires et suffisantes ». Par exemple, si un polygone à seulement trois côtés, il est forcément un triangle. La possession de trois côtés seulement pour un polygone est donc une « condition nécessaire et suffisante » pour affirmer qu’on est en présence d’un triangle. Par contre, un quadrilatère ne sera un rectangle que si et seulement s’il comporte quatre angles droits et que ses côtés sont égaux deux à deux (pour un carré, il faudra en outre que tous les côtés soient de longueur égale). D’où le fait que si un quadrilatère doit avoir obligatoirement quatre côtés (c’est donc là encore une « condition nécessaire et suffisante ») le fait qu’il ait quatre côtés ne suffit pas à affirmer que nous sommes en présence d’un rectangle. Mais à contrario, un rectangle a forcément quatre cotés (car c’est un quadrilatère) on peut donc en déduire que le fait qu’un polygone ait quatre côtés est une « condition nécessaire » mais pas suffisante pour qu’il puisse s’agir d’un rectangle… Une « condition nécessaire » se traduit par « il faut que… » ; une « condition nécessaire et suffisante » par « il faut et il suffit que ».

Appliquons ces définitions à l’existence possible ou non d’un complot… Pour qu’il y ait complot, il faut un intérêt pour une ou plusieurs personnes à ce que ce qu’il existe… Ainsi, dans le cadre des complots farfelus, quel intérêt y aurait-il à prétendre que la terre est ronde si elle était plate ? En l’occurrence aucun ! Le complot dénoncé par les « platistes » relève donc du délire complotiste au vrai sens du terme. Nous affirmerons donc que la condition fondamentale à la vraisemblance d’un complot (l’intérêt pour agir) n’est pas présente dans cet exemple. Par contre nous en tirerons le fait que l’intérêt pour agir est une « condition nécessaire » à ce qu’il puisse y avoir un complot mais –à contrario – nous nous garderons de considérer cette condition comme « nécessaire et suffisante ».

Le capital ayant pour objectif le profit maximum immédiat, il est nécessaire de rester sur le qui-vive quant aux possibilités de le voir développer des coups tordus contre les peuples il faut donc se méfier quant à l’emploi du qualificatif de « complotiste » à l’encontre de ceux qui font état d’un complot lorsque la condition fondamentale nécessaire à sa vraisemblance existe et, encore plus, lorsque des présomptions particulièrement lourdes pèsent sur les personnes ou les groupes mis en cause…

Ainsi, dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, s’il est absurde de nier l’existence même de la pandémie, la façon dont le capital la traite à l’échelle mondiale, l’attitude présente mais aussi passée des labos pharmaceutiques américains (maintes fois condamnés par les tribunaux aux USA pour certains d’entre eux), la clause du contrat d’achat signé par l’UE excluant la responsabilité civile desdits labos en cas de problèmes avec leurs vaccins et pour ce qui est de notre pays, le fait que le conseil « scientifique » qui agit sans aucun contrôle et sans avoir à rendre des comptes sous la seule autorité de Macron soit bourré de personnes en situation de « conflit d’intérêt » éventuel entre leur intérêt privé qui les lie aux laboratoires en question et l’intérêt public sont à prendre en compte sérieusement dans l’appréciation de la manière dont est gérée cette crise et dans la possibilité (et non la certitude) de l’existence d’un complot opportuniste du capital visant à instaurer des « dictatures (à prétexte) sanitaires » face à la démonstration de plus en plus évidente du caractère nuisible pour l’ensemble de l’humanité du capitalisme et des risques de renversement de ce dernier qui en découlent. S’y ajoute pour ce qui est du régime Macron le caractère incohérent et absurde de nombre de mesures « sanitaires » portant atteinte aux libertés publiques – et à l’économie nationale de surcroît – prises par le pouvoir… Incompétence crasse ou tentative d’habituer la population à une obéissance servile ?


Déconsidérer les thèses sérieuses


L’autre face de la dénonciation du « complotisme » par le capital consiste à déconsidérer toute thèse qui s’oppose à la vérité « officielle » et pour ce faire quoi de plus efficace que de donner un maximum de publicité aux délires de certains (ceux qu’à bon droit on pourrait aisément qualifier de complotistes, justement) et à répandre dans la population nombre de thèses farfelues (et parfois dangereuses sur le fond), créant ainsi un confusionnisme favorable à faire avaler la vérité « officielle » au citoyen moyen (par rejet de l’absurde) et à égarer ceux qui – à bon droit – se méfient d’une société dans laquelle seul l’argent compte dans des impasses ridicules que leur manque de formation scientifique de base ne leur permet pas de discerner. Ainsi, noyées dans un flot continu de délires variés, les analyses cohérentes mais non conformes à la bien-pensance officielle se voient étouffées, censurées, brocardées… Pour le plus grand profit du capital et de ses « outils »… UE et pouvoir macroniste en tête pour ce qui nous concerne.