Quel est le sens du clivage gauche droite aujourd’hui ?

Quel est le sens du clivage gauche droite aujourd’hui ?

Par Loki (Infrared France)

A travers le temps et l’évolution des sociétés et de leur fonctionnement économique il y eu plusieurs interprétations de ce clivage que nous allons examiner ici afin d’établir leur logique et leur fonctionnement mais aussi d’insister sur le clivage le plus important : celui établi par Marx, c’est-à-dire le clivage historique, celui du matérialisme-dialectique.

Dualité du clivage gauche droite en régime capitaliste

Dans le système capitaliste il y a une gauche et une droite, c’est-à-dire l’aile réformiste du capital et son aile conservatrice. Ce clivage s’ enracine lors de la Révolution (bourgeoise) française entre les royalistes et les anti-royalistes. Dans la réalité, ce clivage, malgré les divergences apparentes, acquiert rapidement le but ultime de maintenir le capitalisme le plus longtemps possible tout en trompant les masses dans une succession continue de reformes et de contre reformes qui ne résolvent rien sur le fond. Dans ce jeu malhonnête et subtil à la fois ce sont créés en pratique deux dualités, une dans chaque camp apparent, chacun d’entre-eux ayant son aile conservatrice et son aile réformiste.

Le roi et contre les rois

Ainsi, lors des débats d'août et septembre 1789, les députés favorables au maintien du pouvoir du roi se sont placés à la droite du président de l'assemblée et les partisans d'une limitation de ses pouvoirs, à sa gauche. Un député de la noblesse, Louis-Henri-Charles de Gauville, écrit dans ses mémoires :

«Le 29 [août], nous commencions à nous reconnaître : ceux qui étaient attachés à leur religion et au roi s'étaient cantonnés à la droite du président, afin d'éviter les cris, les propos, et les indécences qui se passaient dans la partie opposée.»

On retrouve toutefois des traces antérieures de son existence. Ainsi en Angleterre, dès 1672, les membres de la chambre des communes se plaçaient déjà à la droite ou à la gauche du roi.

Sociaux-démocrates contre libéraux

En France, après les péripéties institutionnelles du XIXème siècle, avec l’arrivée de la IIIème République en 1871 et sa consolidation ultérieure avec une majorité républicaine s’installe, au début su XXème siècle, un régime bourgeois stable. Né au siècle précédent, même si l’influence du marxisme s’est bien développée dans le monde du travail, elle n’a pu empêcher l’apparition d’un courant qui deviendra une tendance au sein de la Seconde Internationale(2).  En France, elle a été successivement  représentée, après la scission que représente le Congrès de Tours en 1920 qui voit a naissance du Parti Communiste, par la S.F.I.O., le P.S. et leurs alliés directs, puis, dans la période récente, pat le Parti de Gauche, la L.F.I. et le P.C.F. «muté» de Robert Hue et ses successeurs, et par un mouvement pseudo révolutionnaire : le N.P.A.. Leur but actuel consiste à orienter le mécontentement populaire vers des impasses sociétales et de fausses opposition entre les travailleurs afin des les éloigner de la la lutte des classes contre le capital. Ils se joignent pour ce faire aux gauchistes et aux wokes. Quant aux partis de droite et du «centre», aujourd’hui au pouvoir, ils pratiquent ou soutiennent une politique dictatoriale et se partagent entre alliés du prétendu progressisme post-moderne (Renaissance, L.R.E.M. et pseudo traditionalistes (R.N.) et ont pour alliés les émules de l’argentin Javier Milei (an-caps). Ni leurs deux branches de la droite et du centre réunis, ni les sociaux-démocrates et leurs «alliés sociétaux» ne représentent une alternative réelle les uns par rapport aux autres. Tous participent de la soumission intégrale à l’Union Européenne et par delà cette dernière, via l’O.T.A.N., aux U.S.A.. Au point que la France est devenue une quasi-colonie de ces derniers. Une situation qui trouve sa source avec l’acceptation par la droite et la social-démocratie du plan Marshall sur le plan économique et de ce qui fut en fait la première «Révolution orange» que représenta le mai 68 étudiant sur le plan idéologique. Avec l’abandon par les réformistes et les gauchistes de quasiment toute référence à des revendication sociales au profit des seules revendications sociétales, dans le cadre de la mutation du capitalisme de production en capitalisme financier mondialisé, le clivage sociaux-démocrates contre libéraux est devenu inexistant, les deux forces politiques ne pouvant plus être qualifiées que de  «libéraux de gauche» et de «libéraux de droite» ne différent que par la couleur de leur «casaque électorale».

Libéraux de droite et libéraux de gauche 

La plupart des revendications «Woke» ou «Post-modernes» ont émergé lors du passage du capitalisme de production au capitalisme financier néolibéral. C'est à dire un changement dans le mode de production et non de système économique. On a délocalisé les industries vers le tiers monde dans la recherche d’un profit maximum à l’échelle mondiale tandis qu’on développait les services.  Depuis mai 68, d’abord au travers des messages de pseudo-gauche véhiculés par les gauchistes surtout à travers leur composante anarchiste, puis à travers la propagande néo-libérale le capital a réussi à modifier les  mœurs de la société occidentale et à orienter les masses vers un maximum d’individualisme et à briser en grande partie les solidarités traditionnelles, jusqu’au plus intimes : familles, couples... Ainsi, bien que le mouvement de 68 ait été une victoire du mouvement ouvrier acquise sur le plan matériel (c’est-à-dire une victoire syndicale) mais qui n’a pu trouver d’aboutissement politique du fait de l’agitation gauchiste, la reprise par la bourgeoisie des thèses gauchistes (déjà fortement colorées de «sociétalisme») et l’appât d’une consommation de plus en plus soumise aux modes et à la «gadgetisation» jusqu’au moment où le chômage massif a commencé à apparaître sous Giscard et le pouvoir d’achat a dégringolé (plus vite chez les couches moyennes que dans le reste de la population selon les canons du misérabilisme gauchiste partisan du nivellement par le bas) a abouti à l’abandon progressif des  luttes sociales au profit de revendications sociétales (minoritaires la plupart du temps mais mises en avant par les médias de la bourgeoisie) diviseuses.

Dans le même temps, il y a eu sur le plan des philosophies à la mode un gros retour au constructivisme et au structuralismes(3) selon lesquels la société fait tout et est le facteur exclusif de formation des individus. Théorie aussi fausse que son exacte image miroir portée par les doctrines fascistes traditionnelles selon lesquelles la génétique (réelle ou déformée) serait le seul facteur de formation des individus. A travers cette tendance, c’est en fait l’idéalisme qui fait son grand retour puisque ainsi on aboutit à la croyance selon  laquelle leur pensée individuelle façonnerait la réalité des individu. Même si ces «philosophes» et leurs disciples utilisent un vocabulaire pseudo marxiste, la réalité de concepts tels que l’intersectionnalité, est totalement en opposition avec la pensée matérialiste dialectique et le matérialisme historique porté par les vrais marxistes.

Les «luttes sociétales» pour de «nouveaux droits» ne sont que tromperies destinées à  créer de nouveaux marchés pour le capital. Par exemple le féminisme de l'époque présenté comme la satisfaction d’une volonté d'émancipation a amené massivement les femmes sur le marché du travail – avec ou sans raison économique et en allant jusqu’à abolir les protections spécifiques dont elles bénéficiaient (travail de nuit) – et a prétendument «se libérer» sexuellement non seulement avec la pilules contraceptive mais avec des avortements passant d’un ultime recours évitant les abominables officines des «faiseuses d’anges» aux avortements de complaisance. Ce qui à terme ne détruit évidemment pas le capitalisme mais enferme les femmes dans l’individualisme, détruit la structure familiale, et les traditions comme le mariage. On voit moins de famille, moins d'enfants, mais plus d'«adulescentes», ou de femmes travaillant pour consommer plus comme seul objectif de vie.

L'aboutissement de ce genre de lutte on le voit avec la pseudo-gauche actuelle dans les combats trans et L.G.B.T., la négation du sexe biologique pour le «genre»… On a aussi la démonstration que le véritable but en est la création de nouveaux marchés et pas à détruire le capital : marché des hormones, opérations de «transition» toujours plus risquées pour le corps et la santé mentale de l'individu mais qui rapporte aux cliniques et au lobby pharmaceutique.(4) C’est aussi la «cancel culture» qui justifie une censure digne d’un fascisme.

A droite, existe une image miroir de l'intersectionnalité post moderne à travers les prétendues luttes identitaires et racistes.

Les «Blancs-cis-hétèros» sont sommés de se considérer comme à l’origine du racisme, du sexisme ou de la transphobie et d’être considérés comme d'extrême droite. Pour le capital il s’agit bien de diviser pour mieux régner. Ainsi divisés, les exploités deviennent incapables de lutter ensemble contre le capital. Les «Blancs-cis-hétèros» vont rejoindre l’extrême-droite qui leur vend de la sécurité face au faux progressisme post-moderne et les «racisés» rejoindre la fausse gauche censée se battre contre le «racisme systémique».

Le clivage gauche-droite dans une perspective historique

Pour nous, marxistes, il convient de remettre le clivage gauche-droite dans son cadre historique :

·         La gauche regroupant les partisans d’une transformation révolutionnaire de la société sur le plan économique et social.

·         La droite étant pour le statu quo économique et social.

·         L’extrême gauche des dogmatiques gauchistes.

·         L’extrême-droite des dogmatiques «droitards».

Ces quatre axes font partie intégrante du mouvement de l’histoire. L’histoire selon Marx c’est l’histoire des luttes de classe.

Les marxisme n’est ni de gauche ni de droite puisqu’en étant le moteur de l’avant-garde révolutionnaire il entend faire bouger les contradictions entre la gauche et la droite. Dans ce cadre, certains marxistes passent au gauchisme ou au droitisme a force de dogmatisme et d’erreurs d’analyse ou de choix opportunistes et carriéristes.

Le retour au clivage historique de la lutte des classes est nécessaire parce que, pendant la mise de côté de cet aspect les capitaliste occidentaux à majorité mondialiste cherchent a s'émanciper des nations et des valeurs traditionnelles et à privatiser le plus de choses possibles. Leur politique, face à la crise économique structurelle qu’ils ont eux-mêmes suscité, comme on le voit avec les leaders des GAFAM qui veulent être plus forts que des pays, est de privatiser jusqu’aux nations pour satisfaire l'appétit de profit de la finance mondialisée parce-que elles sont un frein au développement du marché. Ceux qui veulent continuer l’histoire et construire une nouvelle société doivent le comprendre et analyser correctement ce clivage. C’est notre devoir en tant que marxiste.

Sources :

(1)    https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9visionnisme_(marxisme)

(2)    https://fr.wikipedia.org/wiki/Internationale_ouvri%C3%A8re

(3)    https://www.toupie.org/Dictionnaire/Structuralisme.htm

(4)    A lire :

·         https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/nau.25132

·         https://www.thetimes.co.uk/article/tavistock-gender-clinic-to-be-sued-by-1-000-families-lbsw6k8zd

       (5) A voir:

·         https://www.omertamedia.fr/article/trans-la-confusion-des-genres-166/

·         https://odysee.com/@Elo:84/whatisawoman:4d?&sunset=lbrytv